Scoop ! je me suis jetée à l'eau !

Depuis longtemps j'admire les tricoteuses de chaussettes... à mes yeux, un art jusque-là énigmatique : ma convoitise me ramenait toujours à mon incompétence : je ne tricote qu'avec deux bonnes vieilles longues aiguilles, la droite étant bloquée sous mon aisselle, pour laisser ma main droite libre de passer le fil...

L'hiver dernier, au cours d'un échange, Monique m'a fait la surprise de m'envoyer d'outre-Manche cette jolie pelote de fil à chaussettes :

Très touchée, je n'avais plus qu'à mettre cette vieille chimère à exécution... moyennant un jeu de 5 aiguilles... Concours de circonstances, peu après j'ai reçu les aiguilles à deux pointes de ma défunte grand-tante...

J'avais donc de quoi faire, mais aucun savoir-faire... Valette m'avait conseillé la "méthode Véronique" sur Tricofolk... mais j'avais beau mentalement retourner les aiguilles les intructions dans tous les sens, comment donc les faire tourner ???

Et hier, Nelly m'a raconté comme c'était super : "tu verras, une fois une chaussette achevée, tu n'auras qu'une envie, en refaire une autre, et encore une autre... avec les laines chaussettes fantaisie, le motif avance tout seul et cela devient un jeu d'enfant !"

Alors je me suis jetée à l'eau : d'abord un peu de courage à coups de Google : "tricoter en circulaire sur 4 aiguilles", pour découvrir deux schémas... Ah bon, c'est tout ? Choix de la pointure : 32/33, choix des aiguilles : 2.5 mm... et prise de décision : je prends la route !

Dans quelle galère je me suis embarquée ! Je me revois alors 33 ans en arrière, lorsque ma grand-tante m'apprenait à tricoter... toute émue en me remémorant que ces jours-là elle tricotait des chaussettes, probablement sur ces mêmes aiguilles... je sors de mes souvenris : je suis  au bout de la quatrième...et je perds mes mailles, comme à mes débuts !

A ce stade je me suis souvenue que Valette, reine des chaussettes, avait récemment décidé de supprimer une aiguille... autant dire que ce détail ne m'avait pas échappé...

Alors qu'à la radio j'entends le dernier compte-rendu de la route du rhum... je décide de réduire mon appareillage...

Ouf ça va mieux, mais une fois hissés, comment solidariser les trois mâts ? Allez on recommence tout...

Après des vertes et des pas mûres, ça tient enfin !

Me voilà maintenant en pleine mer... ma parole, je suis sur un bateau ivre, j'ai le tournis, ça chavire dans tous les sens, je titube et je prends même des risques : toutes les deux minutes je me dis que je vais finir par me prendre une des pointes dans l'oeil !

Tels les marins de la course, me voici maintenant au milieu de la houle... mon navire tangue et retangue puis se redresse enfin, je commence à prendre mes repères, à me sentir maître à bord...

La mer se calme enfin et je navigue tranquillement sur des eaux paisibles d'un bleu limpide et rassurant...

Et je peux enfin lever les yeux pour profiter du soleil... ce n'est que du bonheur ! Merci Monique d'avoir eu la bonne idée de m'envoyer ce fil à chaussettes, merci à vous toutes qui m'avez tentée en partageant vos travaux sur le net, merci Valette de m'avoir soufflé la méthode, merci à Véronique pour sa méthode et Sandrine qui l'a mise en ligne... et puis à Nelly de m'avoir involontairement fait mettre le fil dans la main...

Je confirme, c'est plutôt ludique : les couleurs se succèdent et on se plaît à découvrir la succession des rayures... c'est drôle de se rendre compte aussi que le jersey endroit se tricote... toujours à l'endroit... et qu'il faut donc retourner la chaussette pour la voir à l'endroit :

Allez, la mer monte à nouveau, mais je me sens d'attaque... pas question de faire demi-tour !!!

Ceci dit, je progresse comme je peux : en début d'aiguillée, l'aiguille flotte dans le vide, mais très vite je ne trouve pas mieux que de la caler contre mon ventre... il me faudrait une armure, car je vais finir trouée ! Mais je m'applique pour me passer de ce défaut... à moins qu'il ne perdure... sans compter que cette fois je ressens le besoin de m'asseoir... et oui j'adore tricoter debout, mais ne me demandez pas pourquoi, je n'en sais rien !

Et vous ? avez-vous un signe particulier dans votre maniement des aiguilles ?