Dans un parc ombragé...
Un nouvel inventaire à la Prévert, pour cette chine du début de l'été...
Dans une vieille boîte bretonne toute rouillée...
des dentelles, enfouies, serrées avec quelques dés à coudre, ici
photographiées sur un très grand drap en chanvre, au monogramme AR.
Dans son écrin en cuir...
Tout aussi vieux, mais non moins précieux, un nécessaire de couture...
Je désespérais d'en trouver un jour, il contient même un petit ouvrage en cours,
une aiguillée que je n'oserais défaire... pour lui garder tout son mystère...
Depuis quand ? pour quoi faire ? et qui était sa propriétaire ?
Dans leur jus...
un porte-brosses brodé au point de tige,
un battoir de lavandière... que je cherchais depuis longtemps.
Dans leur malle,
jaunies par le temps, mais à nouveau bien blanches,
des taies de traversin, ornés de dentelles et monogrammes...
et même un drôle d'abat-jour à pompons crochetés...
je cherche la lampe qui ira bien maintenant...
Dans une petite boîte en carton,
une multitude d'images pieuses... des plumes du temps jadis...
et un flacon d'encre, quelques aiguilles à chapeau aussi...
Dans leur éclat intact,
deux coquetiers de baptême, un rond de serviette gravé, une passoire à thé,
un bougeoir, ainsi qu'un adorable petit pot à lait fleuri...
Pot à lait Royal Albert, bone china (= porcelaine) made in England modèle "Moss Rose"
Sur un napperon tout rond,
quatre petits pious-pious qui ne demandaient qu'à rechanter au grand jour...
et puis cet imposant cadre, lourd, massif, sculpté, qui sera parfait
pour encadrer une grande broderie toujours en cours...
Je n'ai plus qu'à mettre les bouchées doubles...
En attendant, je n'ai pas résisté à faire ce petit montage !
Tout objet peut-être un objet d'art, pourvu qu'on l'entoure d'un cadre.
Boris Vian